Après la venue de Jésus, « pour le croyant, la mort n’est plus un atterrissage, mais un décollage ! ». Le message d’espérance transmis par le Christ avec son Incarnation a été mis en avant ce vendredi 9 décembre par le cardinal Raniero Cantalamessa, dans sa deuxième prédication de l’Avent, qui s’est tenue dans la salle Paul VI au Vatican, en Présence du Pape François.
L’Osservatore Romano
Le prédicateur de la Maison pontificale a choisi pour cette année, le verset tiré du Psaume 24, 7 – « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! » – en voulant, at-il expliqué, « ouvrir les portes des vertus théologales : foi, espérance et charité». De plus, at-il ajouté, «le temple de Jérusalem avait une porte appelée « la belle porte » et « le temple de Dieu qui est notre cœur a aussi une « belle porte », à savoir « la porte de l’espérance ». C’est cette porte qu’aujourd’hui ‘hui nous voulons essayer d’ouvrir au Christ qui vient».
Pour se rendre compte de la nouveauté apportée par le Christ sur le thème de l’espérance il faut «remplacer la révélation évangélique dans le contexte des anciennes croyances sur l’au-delà», sur même l’ancien Testament n’avait pas de réponses à donner. Ce n’est que « vers la fin que nous avons eu quelques déclarations explicites sur une vie après la mort». Avant cela, a précisé le cardinal Cantalamessa, la croyance d’Israël ne différait pas de celle des peuples voisins. «La mort met fin à la vie pour toujours; nous finissons tous, bons et mauvais, dans une sorte de fosse commune et la croyance dominante dans le monde gréco-romain contemporain du Nouveau Testament n’est pas différente».
Israël, cependant, se distingue des autres peuples, at-il ajouté, car malgré tout, ce peuple à continuer à croire «en la bonté et l’amour de son Dieu». Certes, à certains moments, reconnaît le prédicateur, l’homme biblique ne taisait pas sa perplexité face à un destin qui semblait ne faire aucune distinction entre les justes et les pécheurs ; mais vers la fin de l’ancien Testament mûrit la conviction que «la survie est dans la résurrection – corps et âme – de la mort (Dn 12,2-3 ; 2Mac 7,9)».
Mais c’est surtout avec Jésus que cette certitude, après l’avoir annoncée en paraboles et en dictons, se réalise en sa personne par «sa propre résurrection des morts». À cet attendu, le cardinal capucin à cité la reine d’Angleterre Élisabeth II, qui, lors du rite funéraire, a voulu que soit proclamé le célèbre passage de Paul aux Corinthiens (1 Co 15, 54-57), avec la phrase célèbre «Où, ô mort, est ton aiguillon ?».
Réfléchir sur l’espérance chrétienne
Dans sa prédication le cardinal a aussi invité à réfléchir sur «l’aujourd’hui de notre vie», car dit-il, «réfléchir sur l’espérance chrétienne signifie réfléchir sur le sens ultime de notre existence». Pour le cardinal Cantalamessa, en effet, «vivre toujours» ne s’oppose pas à «bien vivre». L’espérance de la vie éternelle est ce qui rend la vie présente belle, ou du moins acceptable. «Nous avons tous, dans cette vie, notre part de croix. Mais c’est une chose de souffrir sans savoir dans quel but, et c’en est une autre de souffrir en sachant que les souffrances du temps présent ne sont pas comparables à la gloire à venir (Rm 8,18)». D’où l’exhortation à se rendre compte que l’espérance théologique, a aussi «un rôle important à jouer dans l’évangélisation» et «dans le parcours personnel de sanctification».
Le cardinal italien a également fait observer que «l’un des facteurs déterminants de la diffusion rapide de la foi, aux premiers temps du christianisme, a été la proclamation chrétienne d’une vie après la mort infiniment plus pleine et plus joyeuse que la vie terrestre». C’est pourquoi, at-il affirmé, «aujourd’hui, nous avons besoin d’une régénération de l’espérance, si nous voulons entreprendre une nouvelle évangélisation. Les gens vont là où ils respirent l’air de l’espoir et fuient là où ils ne sentent pas sa présence». Elle «donne aux jeunes le courage de fonder une famille ou de suivre une vocation religieuse ou sacerdotale, elle les éloigne de la drogue et d’autres formes de désespoir».
Avec un avantage sur le passé : celui de ne plus avoir à «passeur de temps» à la défense «contre les attaques extérieures ; nous pouvons donc faire la chose la plus utile et la plus fructueuse, qui est de la proclamer, de l’offrir et de la faire rayonner dans le monde», après avoir par exemple été depuis plus d’un siècle la cible directe des critiques d’hommes comme Feuerbach, Marx et Nietzsche.
« Elle n’est plus à défendre, mais à proclamer »
Aujourd’hui, cependant, «la situation a partiellement changé» et l’espérance n’est plus à défendre et à justifier «Philosophiquement et théologiquement», mais à proclamer, à montrer et à donner «à un monde qui a perdu le sens de l’espérance et qui s’enfonce de plus en plus dans un pessimisme et un nihilisme qui est le véritable trou noir de l’univers». D’où l’invitation à «reprendre le mouvement d’espérance initié par le Concile Vatican II, à « parler de joie et d’espérance » (Gaudium et spes)» sans craindre de paraître naïf ou d’être déçu.
En dehors, «l’espérance est une aide dans le parcours personnel de sanctification », a expliqué le prédicateur, car «elle devient, chez ceux qui l’exercent, le principe du progrès spirituel». Elle permet de découvrir sans cesse de nouvelles «possibilités de bien faire», toujours quelque chose qui peut être fait. Elle ne permet pas de se reposer dans la tiédeur et la paresse. Et même lorsque la situation devient extrêmement dure et qu’il semble qu’il n’y ait vraiment plus rien à faire, c’est là que l’espérance indique encore une tâche : «endurer jusqu’au bout et ne pas perdre patience, en s’unissant au Christ sur la croix».
«Noël peut être l’occasion d’un sursaut d’espérance à l’école de deux grands poètes des vertus théologales : Charles Péguy, qui « a écrit que la foi, l’espérance et la charité sont trois sœurs, deux grandes et une petite. Ils descendent la rue en se tenant la main : les deux grands, la foi et la charité, sur les côtés et la petite fille espérance au milieu. Tout le monde, en les voyant, pense que ce sont les deux grands qui traînent le petit au milieu. Ils ont tort ! C’est elle qui traîne tout. Parce que si l’espoir fait défaut, tout s’arrête», conclut le cardinal.