«Le problème du Tchad est politique et non pas religieux», a déclaré Cheickh Abdadahim Abdoulaye Ousmane, premier Vice-président et secrétaire général du Conseil des affaires islamiques au Tchad, en parlant du contexte tendu qui a porté à des manifestations la semaine dernière dans plusieurs villes de son pays. Pour l’imam, les tchadiens gagneraient à faire la paix et à ne pas se laisser manipuler, car ils sont appelés à cohabiter dans leurs diversités pour construire ensemble l’avenir du pays.
Stanislas Kambashi,SJ et Jacques Ngol,SJ – Cité du Vatican
Le Tchad a fait face à une grande répression des manifestants contre la prolongation de la transition le 20 octobre dernier. Selon des chiffres officiels, ces répressions, qui ont entraîné un déchaînement de violence, ont fait une cinquantaine de morts et plus de 300 blessés. Cela s’ajoute à plusieurs arrestations. Mais ces manifestations ont été provoquées par certaines comme une organisation de certaines communautés pour attaquer d’autres ; ce qui est une confusion, au point que certains observateurs internes ont parlé d’une manipulation des « personnes malintentionnées » pour conduire à une guerre de religion ou à un conflit entre les « nordistes et les sudistes ».
«Le problème du Tchad est politique et non religieux»
Pour prévenir leur pays du danger des divisions, les chefs religieux tchadiens se sont réunis le 24 octobre et ont élaboré une déclaration commune pour dénoncer cette manipulation.
Dans une interview accordée à Vatican News, le Cheikh Abdadahim Abdoulaye Ousmane, premier Vice-président et secrétaire général du conseil des affaires islamiques au Tchad a souligné que «le problème du Tchad est politique et non religieux». Pour lui, «ce qui s’est passé le 20 octobre dernier n’a rien à voir avec la religion, il est purement politique». «Nous informons l’opinion nationale et internationale que les dirigeants religieux ne se reconnaissent pas dans ces messages dont le seul mais est de déplacer un problème purement politique sur le terrain religieux», était-il écrit dans la déclaration conjointe de l’église catholique au Tchad, de l’EEMET et du conseil supérieur des affaires islamiques.
La communauté musulmane prône la cohabitation pacifique
L’Imam a nommé que du côté de la communauté musulmane, la stratégie arrêtée a consisté à «rassembler tous les imams et les prédicateurs pour les orienter et faire un sermon unique qui sera diffusé par tous les prédicateurs et destiné à être prêché à travers toutes les mosquées au Tchad». Le but de cette initiative est de «prôner la cohabitation pacifique et le vivre ensemble», at-il clarifié.
Les tchadiens doivent s’aimer, cohabiter et s’unir dans leurs diversités
«Le Tchad appartient à tous les tchadiens dans leurs diversités. Cette terre, nous l’avons héritée de nos grands-parents,… il faut qu’on cohabite ensemble», un exhorté le Cheikh Abdadahim Abdoulaye Ousmane. Pour l’imam, il n’est pas question de se livrer à une campagne de dénigrement mutuel au nom de la religion en se manifestant par des politiciens au profit de leurs intérêts égoïstes.
Invitation à cultiver la paix
Le Vice-président du Conseil islamique a rencontré le gouvernement de la transition devant ses responsabilités, notamment celle de garantir la paix et la cohésion sociale. Pour lui, «toutes les initiatives prises par le gouvernement de transition allant dans le sens du vivre ensemble et de la cohabitation pacifique seront soutenues». Il a rassuré les dirigeants politiques de la prière de tous les croyants dans l’exercice de leur responsabilité.
Le représentant de la religion musulmane a en outre invité les médias à bien s’informer avant de diffuser des nouvelles sur le Tchad. Aux usagers des réseaux sociaux, il a appelé à faire preuve de patriotisme en relayant les messages qui prononcent l’amour plutôt que la haine.