L’évangélisation à travers la parole et le développement humain intégral sont deux facettes inséparables de l’annonce missionnaire. C’est la conviction du père Antonio Perretta, missionnaire au Mozambique, qui, dans sa mission, a initié un projet agro-pastoral à Mailane pour l’auto prise en charge des populations de cette banlieue mozambicaine. Pour ce prêtre d’origine italienne on ne peut annoncer le Christ sans s’occuper de l’humain.
Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican
La semaine missionnaire mondiale a connu son point culminant ce dimanche 23 octobre, avec la célébration de la Journée mondiale des missions. Au cours de cette semaine missionnaire qui a eu pour thème: «Vous serez mes témoins» (Actes 1, 8), le père Antonio Peretta nous a accordé une interview, dans laquelle il est revenu sur le sens de cette célébration dans l’Eglise universelle et sur les joies et les défis de sa vie missionnaire.
Le père Perretta est prêtre d’origine italienne, missionnaire de la communauté missionnaire de Villa Reggia, un institut né depuis quarante ans au nord de l’Italie. Ordonné prêtre en 1987, il est missionnaire au Mozambique depuis près de dix ans, après avoir servi en Côte d’Ivoire. Depuis un an, il a initié un projet agro-pastoral de développement local à Mailana, une banlieue de la capitale mozambicaine Maputo.
La célébration de la dimension missionnaire, un défi au Mozambique
Pour le père Peretta, la célébration de la dimension missionnaire est un défi au Mozambique, à cause de la jeunesse de ce pays. C’est pourquoi, dans leurs enseignements, catéchèses, homélies,… les missionnaires ad gentes tenir à rappeler aux chrétiens l’importance de penser aux autres, de regarder le monde entier, en particulier les pays qui ont moins de chrétiens. Le thème de cette année : « Vous serez mes témoins » est pour tout missionnaire, prêtre ou laïc, un défi à partager la joie de l’Evangile, en pensant à ceux qui risquent plus que nous, malgré les problèmes qui nous accablent en première personne, a déclaré ce serviteur de la mission. Pour lui, comme Église universelle, la semaine missionnaire mondiale nous engageons à «prendre au sérieux l’être témoin, à chercher les moyens modernes, adapté à la réalité actuelle pour partager la Bonne Nouvelle du Christ», un défi de taille au Mozambique, où les moyens sont souvent insignifiants, au regard de l’immensité de la mission.
L’Evangélisation et la promotion humaine, « deux facettes d’une même médaille »
Le projet agro-pastoral initié s’inscrit dans le cadre de la promotion intégrale de la personne humaine, a expliqué le missionnaire. «Il y a l’évangélisation directe, où l’on parle de Jésus par les textes de l’Evangile et la catéchèse. Mais il y a des contextes très difficiles, comme dans certains villages où on ne connaît pas qui est Jésus et ce qu’est l’Eglise. Cela est aussi une porte d’humanisation de la vie, de l’attention à la personne humaine, à ces nécessités. C’est aussi une porte d’évangélisation qui n’est pas moins que l’autre. L’évangélisation et la promotion humaine sont deux facettes d’une même médaille», at-il poursuivi.
Une activité caritative pour redonner de la dignité à la personne humaine
Avec ce projet commencé à Mailana, «on redonne de la dignité aux personnes. Pour pouvoir travailler et se prendre en charge», explique le père Peretta, qui précise que, tout en travaillant avec les autochtones, il a introduit des moments de et d’enseignement ; il rappelle que c’est une activité caritative de l’Eglise et non pas une ONG ; et les bénéficiaires se rendent compte que ce sont les personnes de bonne volonté qui aident, au nom de l’amour pour le Christ. «C’est en cela que l’évangélisation et la promotion humaine s’unissent sans être en contraposition, car nous travaillons comme chrétiens et non pas comme ONG», at-il insisté.
Un projet de développement local
Le projet agro-pastoral a été conçu pour cent familles de cette banlieue reculée de Maputo, où la terre est fertile mais qui souffre du manque d’eau. L’objectif est d’amener les familles à produire pour leur propre substance et pour leur prise en charge, en générant des revenus qu’elles peuvent utiliser pour d’autres besoins, comme envoyer les enfants à l’école. Autour du projet s’est créé une coopérative appelée Fecam, qui a traduit l’idée de «travailler ensemble, avoir de l’espérance avec les mains». Pour le père Peretta, ce projet de développement local avance aussi grâce à l’engagement des personnes bénéficiaires. Quand le projet sera terminé, la coopérative s’avèrera, en améliorera la productivité et en vendant notamment dans des marchés locaux, at-il déclaré. Mais le missionnaire se dit déjà satisfait des résultats obtenus jusque-là, malgré les nombreuses difficultés rencontrées.
Les peines et les joies des missionnaires
Le père Peretta est aussi revenu sur les difficultés que rencontrent les missionnaires au Mozambique, dont l’insécurité, créé par le terrorisme, qui «est en augmentation du nord au sud». En septembre dernier une religieuse missionnaire italienne avait été assassinée dans le Nord de ce pays. Il y aussi la crise économique : dans certaines zones, l’aide alimentaire et médicale est urgente ; et les missionnaires aidés dans la scolarisation des enfants. Cela s’ajoute au souci lié à la circulation dans le pays, le réseau routier étant peu développé. Le prêtre italien mentionne aussi la difficulté d’enraciner le christianisme dans certains cœurs, les problèmes de la vie ayant pris le dessus sur toute autre possibilité d’ouverture à l’espérance.
Mais, au-delà de tout, le Peretta reconnaissait qu’il y avait aussi beaucoup de joies liées à l’évangélisation.
Soutenir les missionnaires avec la prière et la sympathie humaine
Aux femmes et hommes de bonne volonté, le missionnaire lance un appel à l’aide. «Aidez-nous à être des témoins du Christ par la prière, mais aussi avec la sympathie humaine». «Nous avons besoin d’être soutenus par l’Église universelle et par tout chrétien», at-il déclaré, exhortant à ne pas penser aux missionnaires seulement dans des moments de difficultés ou de persécution. Le père Peretta est aussi invité à prier pour plus de vocations dans la vigne du Seigneur.