Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a déploré l’usage meurtrier de la force contre les manifestants, y compris les meurtres à balles réelles, a indiqué le Bureau dans un communiqué.
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale, N’Djamena, et d’autres villes jeudi, pour protester contre la prolongation de 24 mois de la transition vers un régime civil.
« Répression mortelle »
Une cinquantaine de personnes ont été tuées, dont un journaliste, et près de 300 ont été blessées.
« Notre bureau a également reçu des informations faisant état de violences de la part de manifestants à la suite de la répression meurtrière, y compris des attaques contre des biens. Nous appelons au calme et à toutes les parties à faire preuve de retenue», a déclaré la porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani.
Les rapports indiquent qu’au moins 500 personnes ont été arrêtées. Le HCDH a demandé que toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit de réunion pacifique soient rapidement libérées.
Les manifestations ont éclaté le jour où l’armée devait remettre le pouvoir.
Transition politique retardée
Le Tchad est confronté à une crise politique depuis que le président de longue date, Idriss Déby, est mort en combattant les rebelles dans le nord en avril 2021.
L’armée a installé son fils, Mahamat Idriss Deby, qui devait démissionner jeudi, mais dit qu’il régnera encore deux ans.
Mme Shamdasani a déclaré que le bureau du HCDH au Tchad avait reçu des informations de sources selon lesquelles plusieurs centaines de manifestants, pour la plupart des jeunes, avaient commencé à manifester à N’Djamena tôt jeudi.
Les forces de sécurité intérieure ont utilisé des gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles pour disperser les manifestants.
Respecter les droits de l’homme
Le HCDH a rappelé aux autorités tchadiennes leur obligation de protéger et de respecter les droits de l’homme, y compris le droit à la vie, et de veiller à ce que les citoyens puissent exercer leurs droits de réunion pacifique ainsi que la liberté d’opinion et d’expression.
« Les forces de défense et de sécurité doivent s’abstenir de recourir à la force contre des manifestants pacifiques et veiller à ce que la force ne soit utilisée que si cela est strictement nécessaire et, le cas échéant, dans le plein respect des principes de légalité, de précaution et de proportionnalité », a déclaré Mme Shamdasani.
Le HCDH a également exhorté les autorités à mener des enquêtes impartiales, rapides et efficaces sur toute violation des droits de l’homme qui aurait pu se produire, « y compris l’utilisation apparente d’une force inutile ou disproportionnée pour disperser les manifestations ».
Inondations dévastatrices
La crise survient alors que le Tchad fait face à des inondations affectant un million de personnes. Les fortes pluies ont commencé en juillet et 18 des 23 provinces ont été touchées.
Plusieurs quartiers de la capitale sont entièrement submergés et les habitants ont été contraints de fuir leurs maisons, a déclaré jeudi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.
Il a ajouté que quelque 465 000 hectares de terres agricoles ont été détruits, ce qui pourrait encore aggraver la situation d’insécurité alimentaire déjà critique dans le pays.
L’ONU et ses partenaires ont jusqu’à présent livré de la nourriture, des médicaments, des tentes, des moustiquaires, des lampes solaires et d’autres articles à quelque 200 000 personnes.
« La communauté humanitaire et le plan conjoint d’intervention en cas d’inondation du gouvernement demandent près de 70 millions de dollars pour atteindre 800 000 personnes, mais jusqu’à présent, ils n’ont reçu que 25 % des fonds dont ils ont besoin », a déclaré M. Dujarric.
Les partenaires intensifient leurs efforts pour mobiliser des ressources afin d’atteindre davantage de personnes.