La junte militaire birmane rencontre, ce mercredi 17 août, une émissaire de l’ONU mandatée pour trouver une solution diplomatique à la crise qui ravage le pays. Alors que l’ancienne dirigeante déchue, Aung San Suu Kyi, est à l’isolement dans une prison de la capitale, le cardinal Charles Maung Bo s’est mis en garde contre la répression de la junte.
Deborah Castellano Lubov, Claire Riobé – Cité du Vatican
La diplomate et émissaire de l’Onu, Noeleen Heyzer, est arrivée dans la capitale birmane le 16 août, inaugurant son tout premier déplacement dans ce pays depuis sa nomination en octobre 2021. Sa venue intervient au lendemain d’une nouvelle phrase contre la dirigeante déchue, Aung San Suu Kyi, condamnée à six années de prison supplémentaires. Selon l’agence d’information Reuters, l’ex-dirigeante de 77 ans, également Prix Nobel de la paix, a été condamnée à cette peine après avoir été reconnue coupable de quatre charges de corruption par un tribunal à huis clos, contrôlée par les militaires.
Arrêtée lors du coup d’État militaire du 1er février 2021, qui a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie, Aung San Suu Kyi avait été placée en juin à l’isolement, dans une prison de la capitale Naypyidaw.
Escalade de la violence et crimes contre l’humanité
En juillet dernier, l’armée birmane a provoqué de nouvelles réactions d’indignation au sein de la communauté internationale, après avoir effectué quatre prisonniers condamnés à mort, parmi lesquels deux figures du mouvement pro-démocratie. Par la suite, début août, un rapport annuel du mécanisme d’enquête indépendant pour la Birmanie a constaté qu’il existait un nombre croissant de preuves selon lesquelles des crimes contre l’humanité seraient commis dans le pays. Ainsi, l’émissaire de l’Onu devrait ce 17 août «aborder la situation qui se dégrade et les préoccupations immédiates, aussi bien que d’autres enjeux prioritaires de son mandat», a indiqué l’organisation.
Avertissements du cardinal Charles Bo
Le cardinal Charles Maung Bo continue de son côté de signaler les persécutions envers la population birmane. Dans un déplacement en Australie fin juillet, l’archevêque de Rangoun déclare au média Chef catholique : «[Les militaires] essaient d’intimider toute la population. D’ici la fin de l’année, ils supposent que tout sera redevenu calme, et qu’ils n’auront plus aucune résistance en raison des atrocités et des intimidations que les militaires conduisent». Le prélat catholique a prévenu que les militaires du pays sont déterminés à prendre le contrôle total de la Birmanie d’ici la fin de l’année, et sévissent dans ce but.
Depuis sa prise de pouvoir en 2021, la junte birmane a tué plus de 2 100 civils, dont de nombreux enfants, et en a détenu quelque 15 000 autres, selon une ONG locale. « La situation actuelle est très complexe et en même temps très confuse et très imprévisible», considère le cardinal Bo. « Des villages sont anéantis et brûlés […]. Cinquante pour cent de notre population vit dans la pauvreté et au moins 8 millions d’entre eux ont un besoin urgent de sécurité alimentaire. Il y a des millions de personnes déplacées.»
Le Pape François s’est rendu en Birmanie en novembre 2017. Il avait alors lancé divers appels en faveur de la paix et de l’unité dans cette nation d’Asie du Sud-Est.