Le cardinal Albert Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, exprime sa gratitude au Pape François pour son don de 100 000€ en soutien aux quelque 400 familles touchées par les attentats meurtriers de Pâques. Survenus le 21 avril 2019, ils avaient fait 280 morts et 500 blessés.
Debora Lubov et Alessandro De Carolis – Cité du Vatican
Le récent geste de solidarité du Saint-Père envers les chrétiens sri-lankais, touchés par les massacres de Pâques 2019, suscite ces jours-ci une vague de grande et profonde gratitude. Alors que l’île, traverse une crise économique et politique parmi les plus amères de son histoire, le don de 100 000€ du Pape François représente un soutien non négligeable pour les 400 familles chrétiennes durement éprouvées ces trois dernières années.
Immédiatement après la série d’attentats-suicides, menée le 21 avril 2019 dans des églises de la capitale et d’autres lieux du pays, François avait fourni une première aide financière d’urgence aux chrétiens du pays. Par la suite, au début de l’année 2022, il s’était entretenu à Rome avec le cardinal et archevêque de Colombo, Albert Malcolm Ranjith, se renseignant davantage sur la façon dont les familles sri-lankaises tentaient de se relever de la catastrophe . C’est le cardinal Ranjiht lui-même qui a informé les médias du Vatican du désir du successeur de Pierre de se faire proche de son peuple, au-delà de ce qui était attendu.
Éminence, vous avez eu l’occasion d’informer le Pape de l’état des victimes de l’attentat d’il y a trois ans. Que s’est-il passé ?
Lorsque je suis venu à Rome et que j’ai rencontré Sa Sainteté en février de cette année, il m’a demandé quel était le bien-être de ces personnes, comment elles se portaient, et a exprimé son inquiétude quant à leurs besoins. Alors, de sa propre initiative, il m’a demandé s’il pouvait nous aider financièrement, et j’ai dit, d’accord, et que nous lui en étions très reconnaissants. Il m’a demandé combien. J’ai répondu : « Tout ce que vous donnerez sera le bienvenu ». Il m’a alors dit qu’il avait reçu un don de quelqu’un d’un montant de 100 000 euros, et qu’il me donnerait 50 000 euros.
Il m’a demandé le numéro de compte de nos fonds diocésains, que je lui ai donné. Lorsque je suis retourné en avril et que j’ai vérifié le compte, j’ai découvert qu’il avait crédité 100 000 euros sur notre compte. Il avait donné la totalité du montant. J’ai trouvé qu’il était extrêmement utile à notre peuple et nous lui sommes très reconnaissants pour cela, pour l’intérêt et l’attention constante qu’il porte aux besoins de ces personnes.
Et comment ce soutien sera-t-il réparti entre les familles des victimes ? J’imagine qu’il s’agit d’un soutien très apprécié, surtout compte tenu de la crise économique à laquelle le pays est confronté en ce moment.
Oui, en raison de la crise économique actuelle, ces personnes ont, elles aussi, grand besoin d’aide. Nous avons donc décidé de donner cet argent et maintenant de le distribuer de manière équitable, en fonction des besoins et des différents défis auxquels ces familles sont confrontées, et avons donc élaboré une sorte de plan. Nous avons reconnu la totalité de la somme à 400 familles de l’église St Sebastian de Katuwapitiya, de Negombo City, et de l’église St Anthony de Kochchikade. Nous avons également donné un certain montant aux familles de l’église évangélique de Batticaloa, et l’avons envoyé au bureau local de Caritas pour qu’il soit distribué à ces personnes.
En outre, nous avons attribué des montants plus importants pour les personnes alitées qui ont besoin de soins médicaux constants et qui doivent payer des soins infirmiers et autres. C’est pourquoi nous leur avons accordé un montant plus important. Nous avons distribué les subventions lors d’une cérémonie le week-end dernier, à laquelle nous avons invité le Nonce Apostolique.
L’Église locale est-elle toujours en train de se reconstruire suite à ces attaques ?
Il y a deux aspects à cette question. L’un est, bien sûr, qu’il y a divers besoins : économiques, physiques, médicaux et psychologiques. Nous continuons donc à répondre à ces besoins autant que nous le pouvons. Après les attentats, il y a eu un déferlement de charité du monde entier. Nous avons donc créé un fonds spécial, et une partie de cet argent est toujours disponible, et nous continuons à nous occuper de ces personnes même à l’avenir.
D’autre part, nous avons la question de la justice, celle de connaître la vérité derrière ces attaques. C’est une question beaucoup plus grave pour eux, car ils veulent savoir qui et pourquoi cela leur est arrivé. 269 personnes sont mortes dans les explosions, puis trois policiers ont été tués dans une autre explosion alors qu’ils allaient arrêter certaines personnes impliquées, ce qui porte le total à 272. Nous devons donc répondre à ces questions concernant l’ensemble de l’ ‘attaque : qui était réellement derrière elle, et pourquoi elle a été menée. Tant que nous n’aurons pas de réponses claires à ce sujet, notre peuple ne sera pas satisfait.