Ce 21 août marque la Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme. Promulguée le 19 décembre par l’ONU, elle vise à honorer la mémoire des victimes qui ont perdu la vie, sans oublier les miraculés et leurs proches. Giovanni Berardi, président de l’Association européenne des victimes du terrorisme, se souvient de son père tué en 1978 par les Brigades rouges à Turin, en Italie.
Francesca Sabatinelli – Cité du Vatican
La dernière attaque sanglante en Somalie révèle une vérité indiscutable et dramatique : le nombre de victimes aux mains des terroristes ne s’arrêtera jamais. C’est un scénario tristement familier. Elle peut varier selon les pays, mais pas la douleur des familles et les amis des personnes touchées, qui est la même pour tous. C’est à ces personnes qu’est dédiée la Journée internationale de commémoration et d’hommage aux victimes du terrorisme, qui a lieu chaque 21 août et qui, cette année, en est à sa cinquième édition.
Une blessure toujours ouverte
À l’heure où le monde s’efforce de sortir de l’urgence Covid, nous rappelons les Nations unies, « les victimes du terrorisme persistent de vivre dans l’incertitude et l’anxiété, car les conflits armés, les attaques violentes et les actes terroristes dans le monde entier continuent de faire la une des journaux et peuvent-être d’exacerber ou de craindre leur traumatisme». L’histoire des victimes du terrorisme est une histoire de vies brisées et outragées, une blessure qui ne se refermera jamais, que l’on parle du passé de l’Italie du terrorisme rouge ou néo-fasciste, ou que l’on parle aujourd’hui ‘hui, du terrorisme djihadiste ou d’une autre origine.
L’abandon des victimes
«Les souvenirs», tel est le thème de cette année, car ce sont les souvenirs, explique l’ONU, qui «nous unissent comme s’ils étaient reliés par un fil rouge. Un fil qui signifie notre humanité commune et notre solidarité avec ceux qui ont subi des pertes irréparables dans les circonstances les plus atroces». Giovanni Berardi est président de l’Association européenne des victimes du terrorisme, après avoir été président de l’Association italienne. Son père, Rosario, maréchal de la sécurité publique, a été tué le 10 mars 1978 à Turin, par les Brigades rouges. Six jours plus tard, c’est l’attentat de la Via Fani à Rome, avec le massacre de l’escorte d’Aldo Moro, qui sera tué deux mois plus tard.
«L’assassinat de mon père a été une nouvelle tentative d’arrêter le procès qui se déroule à Turin contre les dirigeants historiques des Brigades rouges, une tentative vaine, car le procès à quand même eu lieu», a-t-il raconté. Pour lui, qui a consacré toute sa vie à la mémoire des victimes, parler d’un «fil rouge entre l’humanité et les victimes est un peu difficile», car 44 ans après l’assassinat de Moro, et après tous les actes criminels du terrorisme international, il est certain «que ce fil est très mince, pour ne pas dire invisible, et que les victimes sont abandonnées à leur sort».
Trop de forme et trop peu de substance
Pour le président de l’Association européenne des victimes du terrorisme, l’hommage aux victimes n’a jusqu’à présent jamais été tel qu’il aurait dû être. Il a toujours semblé plus de forme que de fond, selon lui. Dans les écoles par exemple, explique-t-il, dans les livres d’histoire des écoliers, une page sérieuse sur le terrorisme n’existe pas. Les enfants n’ont absolument aucune connaissance de ce qui s’est passé en Italie à cette époque, c’est une page que beaucoup aujourd’hui voudraient fermer, mais ils ne peuvent pas, elle revient toujours, constate-t-il.
Beaucoup de secrets d’État planent sur les massacres. Après l’attentat terroriste islamique de Madrid en 2004, l’Union européenne a fait du 11 mars, la Journée de commémoration des victimes du terrorisme au sein de l’Union européenne, mais le point de vue de Giovanni Berardi reste le même. «Nous restons toujours sur ces journées qui ont beaucoup de formalité, qui sont une exposition de principes. Mais peu de choses sont faites pour protéger les intérêts et la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés, peu de choses sont faites, surtout lorsqu’on regarde les nouvelles générations et ce qu’il faut leur apprendre».