Dmitry Poshidaev De nombreuses agences des Nations Unies ont une thématique très spécifique : elles s’occupent des femmes, des enfants, des soins de santé ou d’autres questions importantes. Cependant, l’UNCDF peut s’engager dans divers domaines thématiques, à condition qu’il existe une solution financière pouvant être utilisée pour relever un défi spécifique, allant de l’éducation à l’agriculture.
L’Ouganda a beaucoup de promesses. Par exemple, 50 % de toutes les terres arables d’Afrique de l’Est se trouvent en Ouganda ; 75 % de la population ougandaise sont des jeunes de moins de 30 ans.
Ainsi, cela crée potentiellement les conditions pour que l’Ouganda progresse vers la réalisation des objectifs de développement durable et de ses propres objectifs de développement.
Mais pour libérer ce potentiel, vous devez investir dans la construction des systèmes qui permettraient au pays d’utiliser ce potentiel et, entre autres, trouver et appliquer diverses solutions financières et vous assurer qu’il existe un financement adéquat pour ces plans de développement.
Actualités de l’ONU Les petites entreprises ougandaises ont-elles du mal à accéder au financement ?
Dmitri Pozhidaev Oui. Nous savons qu’il y a beaucoup de demandes non satisfaites. Le vrai problème, c’est que dans le contexte du secteur privé, on parle de processus et de structures d’affaires très inexpérimentés et très rudimentaires. Ils ne créent pas suffisamment de confiance chez les financiers potentiels – tels que les banques et les bailleurs de fonds – que ces entités seront en mesure d’utiliser les fonds de la meilleure façon possible et d’assurer le service de leurs dettes.
Actualités de l’ONU Comment parvenez-vous à résoudre ce problème dans le nord du pays ?
Dmitri Pozhidaev Dans le nord de l’Ouganda, nous sommes engagés dans plusieurs domaines. L’une consiste à soutenir les collectivités locales et le secteur public, en particulier au niveau des districts, pour trouver les solutions financières aux différents projets publics. Ces projets publics peuvent concerner l’adaptation au changement climatique, le développement économique local ou le déplacement forcé.
L’agriculture emploie environ 75 % de tous les Ougandais, il est donc important de faire passer l’agriculture au niveau supérieur, en termes de productivité et de compétitivité.
Nous travaillons également avec le secteur privé sur la finance numérique et l’économie numérique, pour que les petits exploitants agricoles et les associations villageoises d’épargne et de crédit les intègrent au système bancaire formel et améliorent ainsi leur accès au financement.
Actualités de l’ONU Vous avez travaillé avec des entreprises vendant des services d’énergie solaire dans le Nord. Pourquoi?
Dmitri Pozhidaev L’accès à l’électricité est toujours un défi en Ouganda, et l’accès au réseau électrique dans de nombreux endroits n’est pas disponible, en particulier dans les zones rurales.
Mais même à Kampala et dans les grandes villes, les coupures de courant et les interruptions de l’approvisionnement en électricité sont fréquentes, ce qui a de multiples implications pour les entreprises, les particuliers et les institutions gouvernementales.
Garantir l’accès à l’énergie solaire offre des opportunités supplémentaires aux entreprises, en particulier aux micro et petites entreprises, et en particulier dans les zones rurales. L’accès à l’électricité permet à ces entreprises de prolonger leurs heures de travail car elles peuvent désormais travailler au-delà des heures de clarté.
Pour les particuliers, cela signifie de l’éclairage et cela permet aux étudiants d’utiliser des appareils électroniques et d’étudier plus longtemps.
Nous travaillons avec une entreprise fournissant des panneaux solaires sur un système de paiement à l’utilisation. Les paiements de leurs clients sont suivis numériquement, ce qui signifie qu’ils peuvent établir une cote de crédit, ce qui leur facilitera l’obtention de prêts auprès du système bancaire formel.
C’est très important dans une économie où 90 % de l’emploi se trouve dans le secteur informel : en l’absence de registres formels, il est très, très difficile pour quelqu’un d’avoir accès au système financier formel.
Actualités de l’ONU Certains de vos projets concernent le financement de MTM et Airtel, les plus grandes entreprises de télécommunications en Afrique. Pourquoi devraient-ils recevoir un financement de l’ONU ?
Dmitri Pozhidaev Les gens trouvent souvent cela surprenant. Ils pensent qu’une grande entreprise peut se permettre une extension dans des domaines moins traditionnels et plus risqués.
Ce n’est pas le cas, même pour les très grandes entreprises financièrement saines comme MTM et Airtel ; à moins que la viabilité de l’analyse de rentabilisation ne leur soit démontrée, il est clair qu’ils n’iront pas dans des domaines où ils ne sont pas actuellement engagés.
Et c’était le cas avec les camps de réfugiés. Les compagnies de télécommunications ont de sérieux doutes sur la capacité des réfugiés à acheter les produits qu’elles proposent.
Mais, en démontrant la demande et la capacité des réfugiés à payer, et en facilitant grâce à des subventions relativement modestes, nous avons permis à ces entreprises de s’étendre dans les camps de réfugiés du nord de l’Ouganda.