Dans la hâte d’éliminer les pratiques déloyales, il est important de ne pas faire basculer le pendule au point que la « non-discrimination » devienne sa propre forme de discrimination.
Un rapport préparé en janvier dernier pour le ministre canadien de la Défense nationale semble aller trop loin. La mandat du comité consultatif responsable du rapport était de « fournir au ministre de la Défense nationale (MDN) des recommandations sur la façon d’éliminer du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes (MDN/FAC) le racisme et la discrimination systémiques… »
Le propos est élogieux, mais même le titre de la section relative aux aumôniers militaires sonne l’alarme : «Redéfinir l’aumônerie.”
La section commence par reconnaître que la religion peut être une « source de réconfort, d’optimisme et de compassion », mais continue en disant que certaines personnes ont subi « un traumatisme générationnel inimaginable et un génocide aux mains de chefs religieux chrétiens… »
Des déclarations ultérieures vont plus loin : « Certains aumôniers représentent ou sont affiliés à des religions organisées dont les croyances ne sont pas synonymes de celles d’un lieu de travail diversifié et inclusif… Par exemple, l’exclusion des femmes de leurs sacerdoces par certaines églises viole les principes d’égalité et de justice sociale, tout comme les notions sexistes ancrées dans leurs dogmes religieux. De plus, certaines religions ont des principes stricts exigeant la conversion de ceux qu’elles jugent ‘païens », ou qui appartiennent à des religions polythéistes. Les dogmes et pratiques de ces religions entrent en conflit avec l’engagement de l’Équipe de la Défense à valoriser l’égalité et l’inclusivité à tous les niveaux du lieu de travail.”
La liberté religieuse est fondamentale pour une société libre et sûre.
« [The Defence Team] ne peut justifier l’embauche de représentants d’organismes qui marginalisent certaines personnes ou leur refusent catégoriquement un poste de direction.
«Le comité consultatif a observé qu’il existe divers degrés de misogynie, de sexisme et de discrimination tissés dans les philosophies et les croyances de certaines religions dominantes actuellement représentées dans le cadre des aumôniers des FAC.
«Par exemple, on peut supposer que si une religion interdisait ouvertement à une personne noire de servir dans ses rangs, ses membres seraient bannis de l’aumônerie des FAC. Le même examen devrait être appliqué aux religions qui interdisent aux femmes de servir dans leurs rangs ou qui sont contre l’égalité des droits pour les couples de même sexe.
Une simple lecture de ce qui précède révèle que l’armée est désormais tenue de rejeter les prêtres catholiques et les représentants probables d’autres confessions. La mise en œuvre nécessiterait un organisme gouvernemental non clairement défini pour évaluer chaque aumônier – et l’institution à laquelle ils sont associés – en fonction de leurs croyances, doctrines et pratiques religieuses.
C’est une tâche gouvernementale impossible et inappropriée.
De manière quelque peu ironique, le rapport note également que « ce groupe consultatif ne cherche pas à évaluer ou à catégoriser ces religions dans ce rapport » malgré son articulation d’un ensemble de critères selon lesquels les religions doivent être jugées. Il reconnaît simultanément que quelqu’un devra porter le jugement et laisse ouverte la question évidente : « qui ?
Le rapport a attiré l’attention d’autres médias et du groupe de réflexion non partisan Cardus, qui a publié un critique point par point des recommandations du Groupe spécial. Cardus recommande « que le ministre rejette fermement et publiquement les sections discriminatoires de la recommandation 6 du rapport – « Redéfinir l’aumônerie ». De plus, le ministre devrait affirmer que tous les Canadiens, y compris ceux qui ont des croyances religieuses, seront soutenus par les services pastoraux des aumôniers des FAC alors qu’ils servent notre pays.
La liberté religieuse est fondamentale pour une société libre et sûre. Elle doit comprendre que les membres de différentes confessions auront des points de vue différents, mais qu’ils peuvent être unis dans le respect du droit de chacun de croire comme ils l’entendent.
Le livre Le chemin du bonheur note que dans la mer de discorde qui a entouré la croyance religieuse « un principe brillant a émergé : le droit de croire comme on veut ».
L’élimination de la discrimination est importante. L’instauration d’un nouvel ensemble de pratiques discriminatoires compromet cet objectif.